Et aussi sarrasin, seigle, épeautre...
La céréale la plus utilisée pour fabriquer de la bière est l'orge. C'est la plus difficile à faire pousser dans mon cas car je suis un terrain volcanique basaltique et donc très acide pour l'orge biologique actuelle. Très vite, je me suis confrontée à la dure réalité que je ne ferai pas pousser comme ça cette céréale! Même en apportant de la chaux! J'ai vu les semis fondre au printemps à cause de la faim d'azote...et ce fût la fin de l'orge! Trop de matière organique en décomposition dans mon sol!
Voici mon expérience:
La première céréale que j'ai semé a été le sarrasin. Pourquoi? Nous partions d'une ancienne ferme d'élevage en caprin totalement laissée en friche depuis plusieurs années. Qui dit friches, dit arbres et herbes... le tissu racinaire de celles-ci étaient bien adaptées et bien développées! Dès le départ, je savais que la terre serait riche mais j'avais sous-estimé le travail de "destruction prairiale" c'est-à-dire transformer une prairie permanente en terre cultivable! N'ayant pas de tracteur ni de chevaux en place pour le travail, j'ai fait appel à un voisin qui avait un rotalabour. Très joli travail après un passage seulement! terre fine en surface, la prairie semblait avoir disparue, transformée en un lit de semis magnifique! Nous y avons semé notre semences bio de sarrasin "la harpe" qui s'y est plu, il était magnifique. L'année suivante j'ai refais appel à mon voisin car toujours pas dans les temps avec le débourrage des chevaux et la mise en place de l'ensemble de la ferme. Oui, j'ai pensé gagner du temps sur l'année ne cours mais au final, j'avais créer un sol compacter, qui a eu du mal à décomposer la matière organique présente en masse et j'avais favorisé la multiplication de certaines variétés endémiques non désirées!
Après ses interventions extérieures, j'ai décidé de faire le job moi-même avec ma jument, encore jeune au travail, et j'ai acquis une vieille charrue monosoc réversible en bois. Seulement le travail de labour est pénible et difficile lorsqu'on part d'une prairie temporaire (c'est comme ça que je l'appelle). La jument peinait, les réglages étaient compliqués à faire car on est en montagne donc le sol n'était pas du tout plat même sur la même ligne! Du coup, on a décidé de s'offrir un vieux staub moteur bernard de 11chevaux pour retourner notre terre et le reste on le ferait au cheval. Parfait! Car c'est un engin fort et très puissant. Tellement qu'il ne s'arrêtait plus. Je me suis vrillée le dos en voulant l'arrêter, un mois au lit où j'ai cru que je ne marcherai plus. Une fois sur pied, j'ai refait des réglages sachant que je débutais complètement en mécanique. Entre le réglage du labour (pointe de dévers) par rapport à la pente et la'domestication' de la machine puissante mais méga dangereuse qu'était BERNARD, nous avions pris du retard sur le travail du sol et des semis. Je me suis mise à paniquer, oui, car pendant ce temps là la saison avance, l'année s'écoule et je voyais se rapprocher la fin de la période de semis. J'ai donc décidé de semer à la volée du sarrasin pour la 3ème année consécutive, au moins lui il fait son boulot allélopathique (=il réduit la flore adventice, limite la compétition végétale) et aussi de préparation de sol!
L'année suivante la nature reprenait ses droits et la parcelle revenait très vite en prairie! BOUHOUHOU! C'est là que le compagnonnage animale est super! J'ai donc décider de "parquer", faire de petits enclos mobiles, pour que les cochons m'aident plus sérieusement à "détruire" la prairie qui gagnait de plus belle! Durant l'hivers, nous avons brûlé la végétation (en un brûlis:feu qui court), j'ai passé le canadien (outil à 9 dents souples) avec le cheval en tous sens (long, large et travers) puis passages nombreux avec l'extirpateur pour ouvrir la terre. Avec Baltazar, nous y avons passé plusieurs semaines.
C'est à la suite d'une visite de ferme suite à une formation en biodynamie, que j'ai entrepris l'aventure biodynamique.
La biodynamie m'a bien aidée à reprendre les choses en main avec le compo de bouse de MT en 4 passages réguliers à la suite à l'autonome et au printemps, suivi de la bouse de corne en mars.
Ci-dessous j'interviens à l'extirpateur en plusieurs passages pour ouvrir la terre.
puis j'ai semé du seigle biodynamique de chez Paul Keirse, Mouvement de culture biodynamique de Wallonie,
Le précédent seigle a bien aidé à limiter la compétition végétale. Du coup, je travaille en compagnonnage végétale (seigle, avoine blanche, épeautre et sarrasin). Je cherche à semer des variétés anciennes le plus possible, car je me suis rapprochée de collectionneurs ou de personnes dans les réseaux de semences paysannes pour avoir des petits sachets d'orge ancienne que je fais pousser précieusement dans des petits carrés de terre.
Depuis, J'ai l'espoir de multiplier enfin une orge adaptée à mon terroir! (blé potager)
J'ai tout recommencé depuis deux ans: je suis les principes biodynamiques de Steiner qui m'ont été enseignée par Jean-Claude Poëncet, en agro-écologie, formation proposée par l'adear de l'aveyron.
Pour résumer:
- compagnonnage végétale: Seigle, sarrasin, avoine blanche, blé rouge de bordeaux, épeautre en précédent
- pomme de terre, topinambour et betteraves fourragères pour les rotations
- + engrais verts
- intervention en traction-cheval dès que le temps le permet
- Cultures en utilisant la biodynamie et le calendrier lunaire autant que possible
- compagnonnage animale
Suite dans l'article : Ouvrir la terre